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Hommage aux 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force

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Aujourd’hui, au Mont National d’Obernai, nous avons rendu hommage aux 130 000 Alsaciens et Mosellans incorporés de force. 

Beaucoup n’en sont jamais revenus. D’autres sont revenus blessés, incompris. Cette mémoire est fragile. 

Je partage ici l’intégralité de mon intervention pour que leurs voix continuent de vivre. 

***

Monsieur le Conseiller d’Alsace,

Madame l’adjointe au maire d’Obernai,

Madame la Présidente de l’ADEIF, chère Nicole Bruder,

Mesdames et Messieurs les porte-drapeaux,

Chères familles, chers descendants des incorporés de force d’Alsace et de Moselle,

Mesdames et Messieurs,

Au pied de cette croix qui domine la plaine d’Alsace, nous ressentons le souffle de l’Histoire. Chaque pierre de ce monument porte une blessure que le temps n’a jamais vraiment refermée.

Il y a 83 ans, une ordonnance arrachait 130 000 jeunes Alsaciens et Mosellans à leurs foyers. 

Ils avaient vingt ans, parfois moins. Ils aimaient, ils étudiaient, ils travaillaient… Et soudain, on leur imposait un uniforme qui n’était pas le leur, un serment qu’ils n’avaient pas choisi, une guerre qui n’était pas la leur. Beaucoup ne sont jamais revenus. 

Plus de 40 000 destins brisés, effacés, sans même une tombe dans leur terre natale.

Et puis il y a ceux qui sont revenus… mais jamais tout à fait les mêmes. Blessés dans leur chair ou dans leur âme, ils ont porté toute leur vie le poids d’une guerre subie, dans le silence et parfois l’incompréhension, face à un récit national qui, trop souvent, les a injustement soupçonnés de trahison.

Quel était leur « tort » ? Être nés ici, dans cette région où l’Histoire se déchire ? 

Aucun tort. Ils furent des victimes. 

On les a appelés les « Malgré-nous » – et ce nom dit tout : la contrainte, l’absence de choix, la violence d’un destin imposé. Mais derrière ces mots, il y a des visages : un fils, un frère, un fiancé, un père qui n’a pas vu grandir son enfant.

Et à côté d’eux, il y eut aussi les « Malgré-elles ». Ces femmes enrôlées de force dans des organisations nazies, contraintes de servir un régime qu’elles n’avaient pas choisi. 

Aujourd’hui, nous voulons également leur rendre hommage.

Mesdames et Messieurs, en déposant ces gerbes, en inclinant nos drapeaux, nous faisons bien plus que commémorer. Nous réparons, un peu. Nous redonnons une voix à ceux qu’on a voulu faire taire. Nous disons aux familles, aux descendants, aux amis : nous n’oublions pas. Car nous savons qu’il y eut trop de silences, trop de blessures enfouies.

Mais heureusement, les choses changent. Le Mur des Noms, en cours de réalisation, inscrira pour toujours ces destins au Mémorial d’Alsace-Moselle, non loin d’ici à Schirmeck. 

Le Président de la République est venu à Schirmeck reconnaître que l’incorporation de force fut un crime de guerre. La Nation a décoré certains survivants, une loi est proposée pour soutenir les orphelins. 

Ces gestes ne remplaceront jamais les absents, mais ils disent que la France se souvient, enfin.

Et pourtant, la mémoire est fragile. Elle peut s’éteindre comme une bougie si nous ne la portons pas. 

Alors, aux jeunes présents aujourd’hui, je veux dire ceci : regardez cette croix. Elle n’est pas une pierre froide. Elle est une flamme.

Prenez-la, portez-la, car si l’oubli gagne, c’est l’Histoire qui s’éloigne.

En hommage à tous les incorporés de force d’Alsace et de Moselle, en hommage aux « Malgré-elles », à nos aînés qui ont vécu ce déchirement, à ceux qui ne sont jamais revenus, à leurs familles, nous adressons aujourd’hui le témoignage de notre respect, de notre reconnaissance, et de la tendresse d’une Nation qui refuse désormais de détourner les yeux.

Je vous remercie.

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