Catégories
Autres déplacements Sur le terrain

Discours du Gala Femmes inspirantes d’Alsace du 8 mars 2025

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de commencer cette courte de prise de parole en remerciant l’Association Visages de femmes pour leur invitation et pour le privilège qui m’est offert d’être ce soir l’une des femmes de notre région mise à l’honneur.

Cela a été une réelle surprise de l’apprendre et je voudrais vous dire que cela me touche sincèrement.  

Et cela me touche d’autant plus que je suis ce soir à côté de plusieurs femmes talentueuses et je voudrais leur dire mon admiration pour ce qu’elles font et ce qu’elles sont.

Mais je crois aussi que si ce gala met à l’honneur quelques-unes d’entre nous, il est bien injuste de ne pas pouvoir citer toutes les femmes d’ici et d’ailleurs qui sont si nombreuses à faire avancer notre société par des grands ou des petits gestes et que cette journée internationale DES droits des femmes célèbre aujourd’hui.

En parlant de journée internationale, je souhaite dire qu’il est bien injuste, et plus encore qu’il est révoltant, que tous les pays, en 2025, ne célèbrent pas cette journée et plus particulièrement que certains œuvrent méthodiquement contre les droits des femmes. J’ai une pensée pour les femmes iraniennes opprimées. J’ai une pensée pour les si courageuses femmes afghanes pour lesquelles la possibilité même d’utiliser le son de leur voix dans l’espace public est interdit. Et plus proche de nous encore, des pays méthodiquement organisent le recul des droits des femmes. C’est le cas aux Etats-Unis où, pour des raisons idéologiques d’un autre temps, les femmes sont de plus en plus empêchées dans leur liberté à disposer de leur corps et de recourir à une IVG si elles en ont le besoin. 

Si je cite les Etats-Unis, c’est à dessein. Le monde est aujourd’hui incertain. Et même dans les pays historiquement progressistes, les acquis liés à des décennies de luttes féministes peuvent en quelques mois, parfois en quelques semaines à peine être remis en cause.

A cet instant, je pense à Simone de Beauvoir qui nous alertait par ses mots :

“N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.”

Mesdames et Messieurs, nous sommes chacune amenées à partager ce soir un peu de notre engagement.

Si j’ai cité ces mots de Simone de Beauvoir c’est parce que pour toute femme qui choisit une vie publique, ces mots résonnent particulièrement. Elle les comprend, « pire encore » devrais-je dire, elle les ressent.

En effet, en 2025, il existe, toujours, des forces qui œuvrent au recul des droits des femmes, qui nourrissent une fascination pour une forme de conservatisme, d’inégalité entre les sexes et de tolérance envers les violences qu’elles soient physiques, sexuelles, morales et psychiques envers les femmes. Elles existent dans notre société, elles existent bien malheureusement aussi au sein de notre parlement.   

C’est l’une des raisons pour lesquelles, il est non pas nécessaire, mais il est vital que des femmes s’engagent pour construire la société de demain et disons – le clairement, qu’elles occupent les postes de décision qui permettent de dessiner les contours de la société de demain.

Etant amenée à partager quelques mots de mon parcours et de la fonction de députée que j’exerce, je dirais que cela est lié au fait qu’à titre personnel je me suis toujours sentie concernée par ce qu’il se passe dans notre société. J’ai, aussi, toujours considéré que la politique était la plus belle des choses qui puissent exister. En disant cette phrase, je ne suis pas sûre de faire l’unanimité dans cette salle.

Et au fond, cela est bien malheureux.

Car la France, c’est notre maison commune et la politique c’est le mode de décision qui permet que nous toutes et tous vivions ensemble, décidions de la direction dans laquelle nous souhaitons engager notre pays, corrigions ce qui doit l’être. C’est un monde en perpétuel mouvement naturellement qui parfois prend des directions trop soudaines pour certains et trop lentes pour d’autres, mais au fond, c’est ce qui nous relie chacune et chacun les uns aux autres, notre société…

Pour ma part, cette envie d’agir, de corriger les injustices s’est matérialisée par un engagement étudiant d’abord – à Strasbourg notamment – puis par un engagement militant au sein des jeunes démocrates, la branche jeune du Modem. Avec les autres jeunes engagés, nous dessinions ensemble la France de nos rêves. On poussait les élus d’alors à reprendre nos idées dans leurs programmes. Si je vous dis cela c’est car la vie publique ne commence pas au moment d’une prise de fonction. C’est avant un engagement autour de convictions fortes, une vie militante qui importe et cela démarre bien avant une élection.

En ce qui concerne l’élection en tant que tel, comme beaucoup de femme, c’est d’abord le syndrome de l’imposteur qui se développe. A 26 ans, est-ce bien sérieux de demander la confiance des électeurs pour devenir députée ?

Poussée par quelques proches le doute s’installe. Et pourquoi pas ? La société est faite d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes et il est donc tout naturel que de jeunes femmes aient leur place à l’Assemblée nationale. Et puis les idées, avec l’équipe qui m’entourait, on les avait – et depuis longtemps. Quant à la campagne électorale et cette fonction de députée, je peux vous assurer qu’en 2022, mon sentiment était qu’aucune équipe de campagne en France n’avait le même niveau d’envie et d’enthousiasme que nous. Nous nous sommes lancés – On a toqué, à 400 portes par jour, pendant 40 jours pour convaincre. Et ca a marché. Et je crois que ça en valait la peine.

Car ce soir, à l’heure d’un court bilan, dans une journée où l’on célèbre l’engagement des femmes, ce n’est pas le syndrome de l’imposteur qui doit être mis à l’honneur, mais bien quelques avancées. Et je suis heureuse de vous partager quelques fiertés :

  • Fierté d’abord, d’avoir œuvré aux côtés de la Fondation pour Strasbourg à l’installation d’un buste de Simone Veil, de l’Assemblée nationale. C’est la première fois qu’une femme avait une statue d’elle dans les jardins du Palais Bourbon. Il reste tant à faire pour lutter contre l’invisibilisation des femmes dans notre histoire nationale et créer des modèles féminins de référence par leur engagement et leur combat.
  • Fierté également d’avoir été l’une de celles qu’il y a un an tout juste cette semaine a voté pour inscrire le droit constitutionnel des femmes françaises à recourir à une Interruption Volontaire de Grossesse
  • Sur le plan mémoriel, fierté d’avoir porté sans relâche avec tant d’autres figures alsaciennes politiques et non, la reconnaissance de la si douloureuse mémoire de l’incorporation de force au niveau national qui s’est concrétise par la reconnaissance de ce crime de guerre par le Président de la République ici à Strasbourg il y a quelques mois
  • Et à titre plus personnel et plus récent, fierté d’avoir ce jeudi 6 mars, et l’honneur de porter ma première proposition de loi qui a été largement adoptée et qui met à l’honneur le droit local.

Je pourrai vous partager tant d’autres avancées, que le travail collectif a permis de réaliser.

Mais si je devais vous le résumer avec quelques mots que j’utilise souvent, je dirai que les femmes doivent prendre leur place à la table des négociations. Elles doivent assumer les postes à responsabilités de notre pays. Elles y sont légitimes. Elles y sont par ailleurs talentueuses. Et notre République a besoin d’elles pour œuvrer sans relâche à créer une égalité bien plus forte encore entre les hommes et les femmes.

Pour terminer, je dirai très simplement que lorsque je vois la richesse des engagements qui sont mis à l’honneur ce soir, je suis confiante. Alors bravo mesdames, bravo visages de femmes pour ce que vous faites et à vous toutes et tous, vous l’avez compris, le combat continue le 8 mars, mais il se poursuit surtout dès demain et tous les autres jours de l’année.

Je vous remercie.