Près d’un mois après la sortie de mon livre, je vous partage un extrait sur l’une de thématiques sur laquelle je suis le plus interrogée notamment lorsque je me rends dans des établissements scolaires, mon âge.
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» La jeune députée Louise Morel… Le qualificatif revient très souvent quand on évoque mon action parlementaire.
Le concept peut sembler flatteur, mais il est surtout révélateur d’un biais de perception assez profond. Il n’est pas rare, dans des événements où des parlementaires sont attendus, que les agents de sécurité me demandent d’emprunter le couloir réservé aux collaborateurs parlementaires ou de montrer mon badge pour leur prouver la fonction que j’occupe. Il est même arrivé que certains de mes collègues, avant de me connaître, me demandent pour quel député je travaillais, lors de réunions de commission. Ces réflexes malheureux trahissent un préjugé bien enraciné dans la conscience collective : derrière l’image qu’on se fait d’un député, on voit généralement une personne – et le plus souvent un homme – d’âge mûr qu’une femme de moins de trente ans.
Dire « jeune députée », c’est autre chose que de parler d’une « députée jeune ». En fait, cette expression fabrique une catégorie, qui irait en quelque sorte avec une moindre responsabilité, comme une sorte de députée junior. Et pourtant, on ne parle jamais de « vieux députés » pour ceux qui seraient à l’autre bout du spectre.
On n’est pas plus ou moins député selon son âge ou son nombre de mandats. Mais on l’est peut-être différemment. La diversité d’âges dans l’hémicycle est une grande richesse pour le débat d’idées. Cette diversité doit être préservée, entretenue par notre institution.
Je ne suis pas l’apôtre d’une forme de jeunisme politique. Je pourrais aussi bien dire que je me bats pour qu’on oublie que je suis jeune lorsque l’on regarde mon travail de députée. Mon exemple personnel ne sert qu’à prouver qu’on peut s’engager à tout âge, et qu’il est précieux pour notre démocratie, et en particulier au Parlement, de bénéficier de cette diversité de générations. »
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Pour en savoir plus :
Devenir députée à 26 ans. Un message d’optimisme et d’espoir sur la démocratie. Aux éditions Débats Publics.